3 janvier 2019

article revue MEP janvier 2019 Christophe berard

Nouvelles de Pyongyang 
Le  voyage a débuté le 15 octobre et se terminera le 6 novembre. Depuis plusieurs années les missions étrangères de Paris  participent financièrement et activement à ce travail  humanitaire de la fondation Eugene Bell en Corée du Nord, elle  traite la tuberculose résistante.( cf interview docteur Linton)
Depuis 2012, je suis en charge du laboratoire mobile et je procède aux tests de biologie moléculaire. Cette année, je suis heureux de former  Soeur Jacqueline  qui rejoint notre équipe.
Nous sommes constitués d’une équipe de 10 personnes sous la direction du docteur Seung ( spécialiste de la tuberculose de Boston ) et visitons 12 centres sur une  période de  trois semaines. Nous travaillons en coopération avec l’hôpital central de Pyongyang chargé de la tuberculose. Les trajet sur  des pistes assez  cahoteuses  sont parfois   longs et fatigants mais  ils permettent  aussi une  rencontre  du quotidien avec la Corée du Nord.
Nous avons projeté  début octobre   à  Paris , Nantes et La Ricamarie, le  documentaire « Out of breath » qui illustre  notre travail quotidien et ses principaux défis.
Sarah Heink, la productrice de ce documentaire,  a  pu expliquer au cours de ces rencontres     les dures   réalités de la maladie  que nous rencontrions et ces belles rencontres humaines dont nous étions témoins.
Actuellement, nous voici  engagés dans une course contre la montre. 
Nous recherchons   une solution face à l’incroyable décision du fond mondial  de stopper son aide à la Corée du Nord et les conséquences tragiques que cela va impliquer.
Cent trente mille  patients atteints de tuberculose   vont sous peu se retrouver sans antibiotique.
Une décision  que  nous ne  comprenons  pas et que nous interrogeons vigoureusement : n’est-il pas   irresponsable de stopper ainsi des programmes sanitaires  qui concernent la vie et la santé de  milliers de personnes à un moment ou l’on recherche des chemins de dialogue?
Notre programme traitant   la tuberculose  résistante se trouverait aussi   dans une impasse si cette décision se confirmait.
Le temps est compté  pour empêcher une extension  massive de la maladie dans le pays et ses contrées  voisines.
Notre  travail est fatiguant,  les journées de travail  durent de 10 à 18 heures , les routes cahoteuses éprouvantes, toutefois  le sourire d’une personne guérie , la rencontre d’une infirmière dévouée, un simple  merci reçu au cours d’un échange sont autant d’encouragements qui ressourcent  nos efforts. Le désir de vivre de ce peuple et la force de la rencontre constituent  deux éléments déterminants  de notre persévérance.
Je n’oublie pas aussi ceux qui manifestent leur solidarité amicale et financière à Séoul : la  paroisse française, des jeunes , le marché de Noël des associations, que de beaux signes venant d’horizons divers  pour nous encourager.
Cet investissement  constant en Corée du Nord ,  au cœur même des années de tensions militaires, nous  a permis  de bâtir une  relation sincère  qui parfois, certes, nécessite de rudes négociations  pour garantir l’efficacité et la transparence de notre action, mais où demeure toujours  de manière limpide et attentionné  un respect réciproque. Grâce à cela , j’ai pu acquérir   une  vision plurielle de la réalité du pays et une possibilité de  penser les nord-coréens pour ce qu’ils sont. 
Sur le terrain malgré la  difficulté à enrayer la progression de la maladie, nous  voyons une amélioration constante  dans l’organisation et la coopération.
les centres de Pyongyang vont être regroupés  afin de  nous permettre de dégager du temps et des moyens pour visiter  d’autres endroits dans le pays.

Vu de Pyongyang les programmes de télévisions  sont   vraiment différents de ceux  des années précédentes : on y  parle d’ouverture, d’indépendance, de relations avec les autres nations.
Le  nouveau spectacle d’Arirang se termine sur des images de la rencontre entre le président Sud coréen et Nord coréen du 27 avril dernier.
Une  volonté d’ouverture indéniable, qui  je l’espère se concrétisera dans une paix durable et davantage d’ouverture sur le monde.  Cependant l’histoire nous apprend qu’il ne faut  jamais se réjouir trop précipitamment et que  rien n’est  vraiment encore joué sur la table des marchandages et des priorités. 
A notre faible niveau, en rappelant la situation des malades,  nous participons à créer des liens  qui   sont, je le crois, un vrai service de la paix et de la réconciliation. C’ est le sens profond  de notre   foi  qui nous invite à nous donner en authenticité aux plus pauvres  sans arrière-pensée.




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