Le voyage a débuté le 15 octobre et se terminera le 6 novembre. Depuis plusieurs années les missions étrangères de Paris participent financièrement et activement à ce travail humanitaire de la fondation Eugene Bell en Corée du Nord, elle traite la tuberculose résistante.( cf interview docteur Linton)
Depuis 2012, je suis en charge du laboratoire mobile et je procède aux tests de biologie moléculaire. Cette année, je suis heureux de former Soeur Jacqueline qui rejoint notre équipe.
Nous sommes constitués d’une équipe de 10 personnes sous la direction du docteur Seung ( spécialiste de la tuberculose de Boston ) et visitons 12 centres sur une période de trois semaines. Nous travaillons en coopération avec l’hôpital central de Pyongyang chargé de la tuberculose. Les trajet sur des pistes assez cahoteuses sont parfois longs et fatigants mais ils permettent aussi une rencontre du quotidien avec la Corée du Nord.
Nous avons projeté début octobre à Paris , Nantes et La Ricamarie, le documentaire « Out of breath » qui illustre notre travail quotidien et ses principaux défis.
Sarah Heink, la productrice de ce documentaire, a pu expliquer au cours de ces rencontres les dures réalités de la maladie que nous rencontrions et ces belles rencontres humaines dont nous étions témoins.
Actuellement, nous voici engagés dans une course contre la montre.
Nous recherchons une solution face à l’incroyable décision du fond mondial de stopper son aide à la Corée du Nord et les conséquences tragiques que cela va impliquer.
Cent trente mille patients atteints de tuberculose vont sous peu se retrouver sans antibiotique.
Une décision que nous ne comprenons pas et que nous interrogeons vigoureusement : n’est-il pas irresponsable de stopper ainsi des programmes sanitaires qui concernent la vie et la santé de milliers de personnes à un moment ou l’on recherche des chemins de dialogue?
Notre programme traitant la tuberculose résistante se trouverait aussi dans une impasse si cette décision se confirmait.
Le temps est compté pour empêcher une extension massive de la maladie dans le pays et ses contrées voisines.
Notre travail est fatiguant, les journées de travail durent de 10 à 18 heures , les routes cahoteuses éprouvantes, toutefois le sourire d’une personne guérie , la rencontre d’une infirmière dévouée, un simple merci reçu au cours d’un échange sont autant d’encouragements qui ressourcent nos efforts. Le désir de vivre de ce peuple et la force de la rencontre constituent deux éléments déterminants de notre persévérance.
Je n’oublie pas aussi ceux qui manifestent leur solidarité amicale et financière à Séoul : la paroisse française, des jeunes , le marché de Noël des associations, que de beaux signes venant d’horizons divers pour nous encourager.
Cet investissement constant en Corée du Nord , au cœur même des années de tensions militaires, nous a permis de bâtir une relation sincère qui parfois, certes, nécessite de rudes négociations pour garantir l’efficacité et la transparence de notre action, mais où demeure toujours de manière limpide et attentionné un respect réciproque. Grâce à cela , j’ai pu acquérir une vision plurielle de la réalité du pays et une possibilité de penser les nord-coréens pour ce qu’ils sont.
Sur le terrain malgré la difficulté à enrayer la progression de la maladie, nous voyons une amélioration constante dans l’organisation et la coopération.
les centres de Pyongyang vont être regroupés afin de nous permettre de dégager du temps et des moyens pour visiter d’autres endroits dans le pays.
Vu de Pyongyang les programmes de télévisions sont vraiment différents de ceux des années précédentes : on y parle d’ouverture, d’indépendance, de relations avec les autres nations.
Le nouveau spectacle d’Arirang se termine sur des images de la rencontre entre le président Sud coréen et Nord coréen du 27 avril dernier.
Une volonté d’ouverture indéniable, qui je l’espère se concrétisera dans une paix durable et davantage d’ouverture sur le monde. Cependant l’histoire nous apprend qu’il ne faut jamais se réjouir trop précipitamment et que rien n’est vraiment encore joué sur la table des marchandages et des priorités.
A notre faible niveau, en rappelant la situation des malades, nous participons à créer des liens qui sont, je le crois, un vrai service de la paix et de la réconciliation. C’ est le sens profond de notre foi qui nous invite à nous donner en authenticité aux plus pauvres sans arrière-pensée.
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