4 janvier 2019

Interview Docteur Linton


Bonsoir docteur Linton, vous êtes président de la fondation Eugene Bell et reconnu comme un des meilleurs  spécialiste américain sur la Corée du Nord , comment pouvez-vous expliquer cet intérêt pour la Corée du Nord ?


J’ai  grandi en Corée du Sud et mes grands parents et parents étaient missionnaires. Je suis rentré au États Unis à l âge de 12 ans. Je me suis rendu en Corée du Nord pour la première fois en  1979 comme observateur et traducteur dun tournoi de tennis de table, jai trouvé  ce voyage intéressant et je me suis mis à étudier la Corée du Nord, j’étais professeur assistant. 

Après un moment, j’ai réalisé que les coréens-américains étaient les plus intéressés par la situation car  un certain nombre dentre eux  avaient de la famille en Corée du Nord dont ils avaient été séparé par la guerre.
A cette période, il ny avait pas de moyen pour fournir de laide, cela posait beaucoup de problème  d’envoyer du matériel sans passer par le biais officiel.

C’est alors que vous avez créé Eugene Bell ?

Oui, J’ai réalisé  que nous devions créer   un mécanisme avec des petites institutions coréennes américaines pour envoyer de laide à la Corée du Nord de manière  officielle, efficace et transparente. 
 La fondation  a commencé à mettre un dispositif en place qui permettait à chaque petit groupe de rejoindre  un cadre pour lenvoi de support au peuple nord-coréen. Nous avons mis ce système  à disposition du public ce quiévitait beaucoup de difficultés aux petites organisations.
Au début nous prenions en charge le programme mondial de nourriture, mais nos  containers n’étaient  pas suffisants pour assumer  les milliers de tonnes envoyées  par le Fonds Mondial.
Nous avons commencé par former une délégation pour nous rendre  en Corée du Nord, délivrer personnellement les containers, cela revenait moins chers. 
En Chine, nous avons pu acheter du maïs et bâtir notre programme pilote à partir de cette ressource à bas prix et de bonne qualité. 
Grâce aux donations reçues, nous avons pu envoyer plus de 100 containers.

Quel est l’ément déterminant qui a finalement  orienté votre travail en direction des malades atteints de la tuberculose?

Durant lun de ces déplacements, en traversant la frontière à partir de la  Chine en 1996, beaucoup  de personnes  étaient rassemblées dans une ville près de la gare  et elles  étaient vraiment en très mauvaise forme. Elles semblaient affamées, je suis retourné en Chine pour acheter de nourriture, mais j’ai  échouécar  cela était  impossible de la distribuer à des gens en déplacement   qui n’étaient enregistrés nul part. Ce fut un moment difficile  que de voir cette situation et de ne pas pouvoir aider.
Les autorités nord-coréennes m’ont fait comprendre  que mes intention étaient bonnes et quil  serait bien  denvoyer cette nourriture dans des centres de tuberculose, là où les malades ne pouvaient ni partir, ni travailler.
C’est ainsi que nous avons commencé à travailler avec les sanatoriums  en Corée du Nord.
Lorsque la situation alimentaire  s’est  stabilisée nous avons été invité l’année suivante par le service du ministère  de la santé   à orienter  notre aide en direction des centres de tuberculose  pour fournir des médicaments, des microscopes, des appareils radios.
Nous avons débuté  par la création des serres afin de permettre aux centres de produire davantage  de nourriture et ensuite nous avons fourni avec un package programme, la possibilité de soutenir un sanatorium dans toutes ses dimensions : tracteurs appareils radios, médicaments, microscope.

Quelle  est la raison qui vous a amené à vous spécialiser dans les traitements de la tuberculose résistante

  En 2004, l’OMS (organisation mondiale de la santé) a commencé  à fournir un support financier pour lutter contre la tuberculose ; en concertation  nous nous sommes partagés le terrain et nous avons pris en charge la partie  ouest, lOMS est intervenue sur le reste du pays.
 Ensuite en  2008 le fond mondial est intervenu pour fournir à travers lUNICEF les moyens financiers de prendre en charge tous les patients dans le pays.
A partir de ce moment, lobjectif étant atteint, nous avons réorienté notre action.
Nous avons décrypté  avec attention  leur programme et nous nous sommes   aperçus que celui-ci  ne prenait pas assez en compte les malades atteints de la tuberculose résistante.
Nous avons donc décidé de  concentrer nos moyens  sur la lutte contre la tuberculose résistante.
Eugene Bell a commencé avec 19 patients, je dois reconnaître que j’étais  un peu septique sur notre possibilité  de pouvoir financer des traitements qui coûtent, malgré tous nos efforts pour réduire les coûts, 5000 dollars par patient.
A ce jour, nous prenons en charge plus de 1500 patients  tous les 18 mois sur toute la partie ouest de la Corée du Nord. Plus de 13 centres de soins sont soutenus par notre fondation.
Malheureusement en février, le fond mondial   a annoncé, sans  en préciser les raisons, l’arrêt du programme de financement des traitements pour la tuberculose classique. Cest une catastrophe.

Dans ces conditions comment voyez vous l’avenir concernant              l’éradication de la tuberculose en Corée du Nord ?

Nous revenons à la case départ, cest un problème tragique car nous ne pouvons pas subvenir à  soigner tout le pays, ni stopper les soins  aux patients atteints de tuberculose résistante.
Nous essayons de trouver une solution et  relançons  des alertes pour le maintien des soins   afin que   le gouvernement sud-coréen puisse  les prendre en charge, deux millions de dollars cela ne représente pas beaucoup pour le Sud.

Dans cette mission catholiques et protestants travaillent ensemble, comment percevez vous cette dimension œcuménique ?

Trouver des volontaires qui peuvent venir régulièrement trois semaines tous les six mois est un véritable  challenge, je remercie les prêtres catholiques qui participent à notre action, sans eux ce travail ne serait pas possible.
Je suis anglican avec un arrière-fond presbytérien.
Pour moi loecuménisme, ce nest  pas renoncer à soi même, mais trouver un terrain commun pour agir ensemble. Aider les malades, est ce terrain commun qui nous permet dagir ensemble, tout en restant chacun nous même. 

Propos recueillis par le Père Bérard novembre 2018

3 janvier 2019

Comment nous soutenir ?


Un traitement pour un patient atteint de tuberculose résistante dure 18 mois et coute 5000 dollars.
tous les dons sont les bienvenus. Les petites rivières font les grands fleuves.
vous pouvez envoyer un chèque à l'ordre de :
  Séminaire des Missions  étrangères de Paris 
en écrivant au recto  ou en joignant une lettre d'accompagnement.

Pour le Père Berard christophe Corée du Nord 

Envoyer le chèque à l'adresse suivante
 Procure des missions étrangères de Paris
128 rue du bac
75341 PARIS CEDEX 07

un reçu fiscal pour déduction d'impôt vous sera envoyé.
Merci de votre aide.

article revue MEP janvier 2019 Christophe berard

Nouvelles de Pyongyang 
Le  voyage a débuté le 15 octobre et se terminera le 6 novembre. Depuis plusieurs années les missions étrangères de Paris  participent financièrement et activement à ce travail  humanitaire de la fondation Eugene Bell en Corée du Nord, elle  traite la tuberculose résistante.( cf interview docteur Linton)
Depuis 2012, je suis en charge du laboratoire mobile et je procède aux tests de biologie moléculaire. Cette année, je suis heureux de former  Soeur Jacqueline  qui rejoint notre équipe.
Nous sommes constitués d’une équipe de 10 personnes sous la direction du docteur Seung ( spécialiste de la tuberculose de Boston ) et visitons 12 centres sur une  période de  trois semaines. Nous travaillons en coopération avec l’hôpital central de Pyongyang chargé de la tuberculose. Les trajet sur  des pistes assez  cahoteuses  sont parfois   longs et fatigants mais  ils permettent  aussi une  rencontre  du quotidien avec la Corée du Nord.
Nous avons projeté  début octobre   à  Paris , Nantes et La Ricamarie, le  documentaire « Out of breath » qui illustre  notre travail quotidien et ses principaux défis.
Sarah Heink, la productrice de ce documentaire,  a  pu expliquer au cours de ces rencontres     les dures   réalités de la maladie  que nous rencontrions et ces belles rencontres humaines dont nous étions témoins.
Actuellement, nous voici  engagés dans une course contre la montre. 
Nous recherchons   une solution face à l’incroyable décision du fond mondial  de stopper son aide à la Corée du Nord et les conséquences tragiques que cela va impliquer.
Cent trente mille  patients atteints de tuberculose   vont sous peu se retrouver sans antibiotique.
Une décision  que  nous ne  comprenons  pas et que nous interrogeons vigoureusement : n’est-il pas   irresponsable de stopper ainsi des programmes sanitaires  qui concernent la vie et la santé de  milliers de personnes à un moment ou l’on recherche des chemins de dialogue?
Notre programme traitant   la tuberculose  résistante se trouverait aussi   dans une impasse si cette décision se confirmait.
Le temps est compté  pour empêcher une extension  massive de la maladie dans le pays et ses contrées  voisines.
Notre  travail est fatiguant,  les journées de travail  durent de 10 à 18 heures , les routes cahoteuses éprouvantes, toutefois  le sourire d’une personne guérie , la rencontre d’une infirmière dévouée, un simple  merci reçu au cours d’un échange sont autant d’encouragements qui ressourcent  nos efforts. Le désir de vivre de ce peuple et la force de la rencontre constituent  deux éléments déterminants  de notre persévérance.
Je n’oublie pas aussi ceux qui manifestent leur solidarité amicale et financière à Séoul : la  paroisse française, des jeunes , le marché de Noël des associations, que de beaux signes venant d’horizons divers  pour nous encourager.
Cet investissement  constant en Corée du Nord ,  au cœur même des années de tensions militaires, nous  a permis  de bâtir une  relation sincère  qui parfois, certes, nécessite de rudes négociations  pour garantir l’efficacité et la transparence de notre action, mais où demeure toujours  de manière limpide et attentionné  un respect réciproque. Grâce à cela , j’ai pu acquérir   une  vision plurielle de la réalité du pays et une possibilité de  penser les nord-coréens pour ce qu’ils sont. 
Sur le terrain malgré la  difficulté à enrayer la progression de la maladie, nous  voyons une amélioration constante  dans l’organisation et la coopération.
les centres de Pyongyang vont être regroupés  afin de  nous permettre de dégager du temps et des moyens pour visiter  d’autres endroits dans le pays.

Vu de Pyongyang les programmes de télévisions  sont   vraiment différents de ceux  des années précédentes : on y  parle d’ouverture, d’indépendance, de relations avec les autres nations.
Le  nouveau spectacle d’Arirang se termine sur des images de la rencontre entre le président Sud coréen et Nord coréen du 27 avril dernier.
Une  volonté d’ouverture indéniable, qui  je l’espère se concrétisera dans une paix durable et davantage d’ouverture sur le monde.  Cependant l’histoire nous apprend qu’il ne faut  jamais se réjouir trop précipitamment et que  rien n’est  vraiment encore joué sur la table des marchandages et des priorités. 
A notre faible niveau, en rappelant la situation des malades,  nous participons à créer des liens  qui   sont, je le crois, un vrai service de la paix et de la réconciliation. C’ est le sens profond  de notre   foi  qui nous invite à nous donner en authenticité aux plus pauvres  sans arrière-pensée.




EUGENE BELL BLOG

Nous lançons la publication de ce blog en français afin de créer un lien avec ceux et celles qui seraient intéressés de recevoir des informations sur notre action humanitaire en direction de la Corée-du-Nord.
Tous les six mois depuis plusieurs année, La fondation EUGENE BELL   se rends en Corée du Nord  pour soigner des personnes atteintes de la tuberculose résistante.
Vous trouverez dans ce blog, des articles concernant notre activité dans le champ médical ainsi que des observations  personnelles concernant mon experience au coeur de cette fondation crée par le docteur Linton.
Ce blog se dessine essentiellement comme une plate forme d'information, mais nous espérons qu'il puisse devenir pour ceux qui le souhaitent un lien de solidarité financière. Vous y trouverez bientôt, la manière de pouvoir nous aider. Actuellement nous avons plus de 1000 patients. Chaque traitement coûte environ 5000 $ et dure 18 mois. Bonne lecture.
 Christophe Berard

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